infection nosocomiale

Infection nosocomiale contractée lors d'une arthrodèse

L’arthrodèse, une intervention chirurgicale complexe visant à fusionner deux ou plusieurs os de la colonne vertébrale pour stabiliser une articulation ou soulager une douleur, présente des risques inhérents, notamment l'infection nosocomiale. Une infection nosocomiale est une infection contractée dans un établissement de santé après une intervention médicale. Lorsque cela survient après une arthrodèse, les conséquences peuvent être graves, voire invalidantes. Cet article explore les risques de cette intervention, les traitements possibles en cas d’infection, les voies d’indemnisation à travers la Commission de Conciliation et d’Indemnisation (CCI) ou les tribunaux, ainsi que la jurisprudence récente sur le sujet.

1. L'arthrodèse : une intervention à risques élevés

L'arthrodèse est souvent pratiquée en cas de scoliose, de discopathies dégénératives, ou pour traiter des douleurs chroniques dues à des affections telles que la hernie discale ou l’arthrose. Cette opération consiste à immobiliser une articulation par la fusion des os à l’aide de greffes osseuses, plaques, vis ou cages intervertébrales.

En raison de la complexité de cette intervention, plusieurs complications peuvent survenir, parmi lesquelles on retrouve :

  • -Infections post-opératoires : Selon les études, 1 à 5 % des arthrodèses vertébrales s'accompagnent d'une infection.
  • -Rejet des implants : L’utilisation de matériaux externes (vis, plaques) augmente le risque d’infection.
  • -Complications neurologiques : Endommagement des nerfs pendant l’opération.

Les infections post-opératoires peuvent être superficielles ou profondes. Les infections profondes, souvent causées par des bactéries comme Staphylococcus aureus, peuvent se révéler très résistantes et nécessiter un traitement lourd, allant des antibiotiques à une nouvelle intervention chirurgicale pour retirer les implants.

2. Les soins et traitements en cas d'infection nosocomiale

En cas d'infection nosocomiale après une arthrodèse, les soins varient en fonction de la gravité et de la nature de l'infection. Parmi les traitements possibles :

  • Traitement antibiotique : En cas d'infection légère à modérée, un traitement antibiotique ciblé peut être suffisant.
  • Drainage chirurgical : Dans les cas plus graves, un drainage chirurgical de la plaie peut être nécessaire pour évacuer les agents infectieux.
  • Révision chirurgicale : Si les implants sont infectés, leur retrait peut être indispensable, suivi d'une nouvelle opération une fois l'infection maîtrisée.

Les conséquences d'une infection non traitée ou mal soignée peuvent inclure une perte de mobilité, des douleurs chroniques, voire une invalidité permanente.

3. Régime d'indemnisation en cas d'infection nosocomiale

Lorsqu'une infection nosocomiale survient après une arthrodèse, le patient peut prétendre à une indemnisation, soit via la CCI (Commission de Conciliation et d’Indemnisation), soit par une procédure  classique devant un tribunal. Votre avocat spécialisé en erreur médicale vous orientera sur la voie la plus opportune.

Indemnisation via la Commission de Conciliation et d'Indemnisation (CCI)

La CCI permet une indemnisation des victimes d'accidents médicaux graves ou d'infections nosocomiales graves. Pour qu'une infection nosocomiale soit indemnisée par la CCI, elle doit avoir provoqué un dommage corporel d’une certaine gravité, à savoir :

  • -Un taux d’incapacité permanente (IPP) supérieur à 24 %,
  • -Ou une incapacité temporaire totale (ITT) d’au moins six mois consécutifs ou douze mois non consécutifs,
  • -Ou si la victime est déclarée inapte à exercer son activité professionnelle.

Une expertise médicale sera ordonnée et il est fondamental d'y être assisté par so  avocat afin de faire valoir tous les préjudices . La réparation du préjudice corporel est une matière spécifique et complexe et trop de victimes se rendent seuls à l'exepertise et se rendent compte trop tard que cet examen technique nécéssitait dêtrea ccompagné par un professionnel.

Indemnisation par le juge judiciaire ou le juge administratif 

Si l'avocat l'estime opportun, le patient peut porter son dossier devant un tribunal administratif (pour les établissements publics) ou civil (pour les établissements privés). Il devra alors prouver la faute de l’établissement ou du professionnel de santé.

En France, les infections nosocomiales sont soumises à un régime de responsabilité sans faute pour les établissements de santé. Cela signifie qu’ils sont présumés responsables dès lors qu’une infection survient, à moins de démontrer qu’ils ont mis en place toutes les mesures nécessaires pour éviter la contamination. Cette présomption allège considérablement le fardeau de la preuve pour la victime.

La même observation que pour les expertises CCI est faite. On attire l'attention de la victime sur la nécéssité d'être accompagné d'un avocat, spécialiste en réparation du dommage corporel, lors de la réunion d'expertise.

4. Jurisprudence récente : exemples concrets d'infection nosocomiale après une arthrodèse

Les juridictions françaises sont régulièrement saisies d'affaires liées aux infections nosocomiales suite à des arthrodèses. Voici quelques exemples concrets :

  • Cour d'appel de Lyon, 2022 : Une patiente ayant subi une arthrodèse cervicale a développé une infection nosocomiale deux semaines après l’opération. L’établissement hospitalier a été condamné à verser 150 000 € d’indemnisation à la victime, la cour ayant retenu la responsabilité sans faute de l’hôpital en raison de l’infection nosocomiale avérée.
  • Cour d'appel de Versailles, 2023 : Dans cette affaire, un patient opéré pour une arthrodèse lombaire a contracté une infection sévère, nécessitant une révision chirurgicale et laissant une incapacité permanente. La cour a jugé que l’établissement de santé n’avait pas pris toutes les précautions nécessaires, et une indemnisation de 200 000 € a été ordonnée.

Ces affaires illustrent la complexité des dossiers impliquant des infections nosocomiales après une arthrodèse, ainsi que la rigueur avec laquelle les juridictions appliquent le principe de responsabilité des établissements de santé.

5. Conclusion

L’arthrodèse est une opération délicate, particulièrement sujette aux risques d'infections nosocomiales, qui peuvent engendrer des séquelles graves. En cas de complication, le patient a plusieurs options pour obtenir réparation, soit par la CCI, soit par les tribunaux. La jurisprudence récente montre que les tribunaux sont de plus en plus sensibles aux droits des patients victimes d’infections nosocomiales et tendent à leur accorder des indemnisations importantes.

Cet article souligne l’importance de bien comprendre les risques avant de subir une arthrodèse et les recours disponibles en cas d’infection post-opératoire.

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C FONTAINE-BERIOT: Indemnisation des maladies nosocomiales: Cliquer 

 

Le 9 octobre 2024

infection nosocomiale

Infection nosocomiale: quand la Cour ne valide pas le rapport d'expertise médical défavorable

Monsieur D a été hospitalisé en août 2017 pour la pose d'une prothèse totale de hanche gauche. Après deux luxations de la hanche opérée, il a été décidé un remplacement de la prothèse le mois suivant.

Une semaine plus tard, une thrombose péronière est diagnostiquée et le Docteur M réalise l'évacuation d'un hématome de sang   et des points de suture. Des pansements infirmiers sont faits à domicile.

Malheureusement, l'écoulement noir  avec aspect inflammatoire persiste et une reprise chirurgicale est décidée. Les prélèvements bactérologiques reviennent positifs au staphylocoque doré.

L'antibiothérapie échoue. Un nouvel examen révèle une collection  profonde au niveau de la prothèse de staphylocoque epidermidis. Une nouvelle opération  intervient pour remplacer la prothèse.

Monsieur D a saisi la Commission de Conciliation et d'Indemnisation (CCI), qui a désigné un expert médical.

Les experts concluent à l'existence d'une infection ayant causé les dommages, contractée "lors de la solution de continuité tégumentaire liée à l'évacuation de l'hématome le 13 septembre 2017". Ils concluent néanmoins à l'absence d'infection nosocomiale mais à une "infection associée aux soins" et qualifient les différents postes de préjudice sur le plan médico-légal, concluant notamment à un déficit fonctionnel permanent de 10 %.

La CCI se déclare par conséquent incompétente car le dommage est trop faible au sens des critères posés par le Code de la Santé Publique.

Monsieur D saisit le tribunal judiciaire de Gap qui le déboute de toutes ses demandes au motif que le rapport d'expertise avait conclu à une infection associée aux soins à Staphylococcus aureus puis Staphylococcus epidermidis mais pour autant non nosocomiale.

La Cour d'appel de Grenoble, dans un arrêt du 26 mars 2024, a cassé le jugement de première instance,  invalidé les conclusions expertales et jugé que Monsieur M avait contracté une infection nosocomiale à l'occasion de la pose de la seconde prothèse avec la motivation suivante:

"Au vu de l'ensemble de ces éléments, étant rappelé que le juge n'est pas lié par les constatations ou conclusions du technicien conformément à l'article 246 du code de procédure civile, il y a lieu, par voie d'infirmation du jugement, de dire que l'infection présentée par M. [M] est une infection nosocomiale dont la Polyclinique doit réparation".

Il n'est pas très courant que les juges se dissocient du rapport d'expertise médicale. Aussi, cette décision mérite d'être saluée.

Il convient aussi de rappeler que l'indemnisation d'une infection nosocomiale dispose d'une régime légal qui facilite l'aboutissement positif des dossiers.  Pour autant, il faut  impérativement être accompagné, dès l'expertise médicale, par un avocat spécialisé, car des éceuils peuvent survenir dans la défense du dossier, comme par exemple une expertise médicale défavorable, et l'avocat devra se battre pour obtenir la légitime indemnisation.

 

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Le 9 octobre 2024

délai d'apparition

Comment savoir si vous souffrez d'une infection nosocomiale?

Une infection nosocomiale est un germe infectueux attrapé durant une période d'hospitalisation en hôpital public ou en clinique privée . C'est ce qu'on appelle une infection associée aux soins.

Pour que l'infection soit qualifiée d'infection nosocomiale, il faut que le germe infectieux soit absent lors de l'admission du patient.

Délai d’apparition et signes de l’infection

Les infections nosocomiales après la pose d’une prothèse surviennent généralement dans un délai de trois mois suivant l’intervention. Elles peuvent être classées en trois catégories selon leur délai d’apparition :

  1. Infections précoces (dans les 30 jours suivant l’intervention) : Elles se manifestent rapidement après l’opération et sont souvent liées à des problèmes d’asepsie durant la chirurgie. Dans de nombreux cas, les premiers signes cliniques s'observent dans les jours qui suivent l'intervention, notamment fièvre, rougeur et douleur.
  2. Infections retardées (entre 1 et 3 mois après l’intervention) : Ces infections sont plus difficiles à diagnostiquer car elles peuvent se développer lentement et les signes peuvent être subtils.
  3. Infections tardives (au-delà de 3 mois) : Elles sont souvent causées par la réactivation d’une infection latente ou la dissémination d’une infection d’un autre site du corps.
  4. dans le cadre de la pose d'une prothèse, d'une arthodèse ou d'une ostéosynthèse, l'infection se manifeste parfois au bout d'1 an.

Les signes cliniques d’une infection, notamment à l'occasion de la pose d'une prothèse, d'une arthodèse ou d'une ostéosynthèse,  de hanche incluent :

  • -Douleur persistante ou croissante dans la zone de la prothèse (souvent le premier symptôme).
  • -Rougeur et chaleur locale autour de la cicatrice.
  • -Gonflement ou œdème au niveau de la hanche ou de la zone opérée.
  • -Écoulements anormaux de liquide ou de pus au niveau de la cicatrice.
  • -Fièvre ou malaise général.

Dans les cas plus graves, l'infection peut s'étendre aux tissus environnants, et des signes systémiques comme des frissons, une fatigue intense, ou une septicémie peuvent apparaître. Le diagnostic doit être posé rapidement pour éviter que l’infection ne devienne incontrôlable.

 

Infection nosocomiale: questions-réponses

FB AVOCATS: les infections nosocomiales

 

Le 8 octobre 2024