VIH et VHC

Obtenir une totale indemnisation de son préjudice après contamination transfusionnelle au VIH ou VHC

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Le préjudice spécifique de contamination : Indemnisation des victimes de contamination transfusionnelle au VIH et au VHC

La contamination transfusionnelle par le VIH ou le virus de l’hépatite C (VHC) constitue un drame humain et sanitaire ayant marqué l’histoire médicale française. Face à cette situation, le législateur a mis en place des mécanismes spécifiques pour garantir l'indemnisation des victimes. Cet article explore le cadre juridique encadrant l'indemnisation par l’Office national d'indemnisation des accidents médicaux (ONIAM), ainsi que la jurisprudence récente .

 

Le cadre légal de l'indemnisation des contaminations transfusionnelles

Depuis plusieurs décennies, le droit français a instauré un dispositif rigoureux pour protéger les victimes d’erreurs médicales graves, notamment celles liées à des transfusions sanguines contaminées. Les articles L. 1142-1 et L. 1142-22 du Code de la santé publique organisent la responsabilité sans faute en cas de contamination transfusionnelle par des produits sanguins.

L’ONIAM, créé par la loi du 4 mars 2002 dite « loi Kouchner », est l'organisme compétent pour indemniser les victimes de contaminations par des produits sanguins. En application de l'article L. 3122-1 du Code de la santé publique, les patients contaminés par le VIH ou le VHC après une transfusion ou l’administration de produits dérivés du sang peuvent bénéficier d’une indemnisation intégrale, sans avoir à démontrer une faute. Ce régime d’indemnisation repose sur un principe de solidarité nationale, reflétant une volonté forte de justice et de reconnaissance envers les victimes.

Le préjudice spécifique de contamination

Le 14 novembre 2024, la Cour de cassation a rendu un arrêt  précisant les contours du préjudice spécifique de contamination.

La Cour rappelle les contours du préjudice spécifique de contamination :

"Le préjudice spécifique de contamination comprend l'ensemble des préjudices de caractère personnel tant physiques que psychiques résultant du seul fait de la contamination et inclut, outre les perturbations et craintes éprouvées, toujours latentes, concernant l'espérance de vie et la crainte des souffrances, les perturbations de la vie sociale, familiale et sexuelle et les préjudices esthétique et d'agrément générés par les traitements et soins subis, ainsi que le seul risque de la survenue d'affections opportunistes consécutives à la contamination. Il n'inclut ni le déficit fonctionnel, ni les autres préjudices à caractère personnel liés à la survenue de ces affections."

Ce préjudice inclut à la fois l’atteinte à l’intégrité physique et les conséquences psychologiques et sociales liées à la stigmatisation et à l’angoisse permanente de vivre avec une maladie grave. La Haute Juridiction a également rappelé que ce préjudice devait être réparé de manière intégrale, y compris les conséquences patrimoniales et extrapatrimoniales.

En l'espèce, La cour de Cassation a censuré la Cour d'appel qui avait indemnisé la victime transfusionnelle du VIH à un préjudice pour souffrances endurées , évaluées par l'Expert à 5/7

En pratique, cette décision renforce les droits des victimes en leur permettant de revendiquer une indemnisation couvrant tous les aspects de leur préjudice. Elle impose également à l’ONIAM et aux juridictions inférieures de prendre en compte les spécificités individuelles de chaque situation, dans une logique d’humanisation de l’indemnisation.

 

Les démarches pour obtenir une indemnisation par l’ONIAM

Pour bénéficier de l'indemnisation, les victimes doivent déposer, via leur avocat spécialisé, un dossier auprès de l’ONIAM en joignant des éléments prouvant la contamination liée à une transfusion ou à des produits sanguins. Une expertise médicale est  nécessaire pour établir le lien de causalité entre l'acte médical et la contamination.

L’ONIAM, en sa qualité d’organisme public, examine chaque demande et formule une offre d’indemnisation, laquelle peut inclure des dommages et intérêts pour les préjudices physiques, moraux et matériels. En cas de désaccord, les victimes ont la possibilité de saisir les juridictions compétentes pour obtenir une indemnisation conforme à leurs droits.

Il est fondamental d'insister sur les dangers de saisir l'ONIAM sans avocat dans une matière très difficile. Le dossier médical doit être établi par un professionnel qui saura chiffrer votre préjudice et vous conseillera relativement à l'offre reçue. Dès que l'ONIAM emet une offre, des délais de recours très brefs devant le tribunal administratif sont ouverts, que , bien souvent, les victimes laissent dépasser. Elles perdent alors définitivement tout droit à une indemnisation (en cas de refus par l'ONIAM) ou à une meilleure indemnisation (en cas d'offre basse)

Conclusion

La reconnaissance du préjudice spécifique de contamination transfusionnelle illustre l’évolution du droit médical en France et la volonté de garantir une réparation juste et complète des dommages subis. Grâce à des dispositifs tels que l’ONIAM et à une jurisprudence en constante progression, les victimes de contamination transfusionnelle peuvent obtenir une indemnisation digne et adaptée à leur situation.

 


 

Le 25 janvier 2025

 

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Arrêt de la Cour de Cassation du 14 novembre 2024: cliquer  

 

 

 

accident

Comment ré-ouvrir son dossier d'indemnisation?

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  • L'action en aggravation du préjudice : Réouvrir un dossier d'indemnisation

    En matière de droit du dommage corporel, l'aggravation de l'état de santé d'une victime après un premier sinistre est une situation courante qui peut nécessiter une nouvelle évaluation des préjudices. C'est ici qu'intervient l'action en aggravation, un recours juridique permettant de réouvrir un dossier d'indemnisation lorsque l'état de santé d'une victime se détériore après l'indemnisation initiale de l'affaire.

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    Qu'est-ce que l'action en aggravation du préjudice ?

    L'action en aggravation permet à une victime de demander une indemnisation complémentaire lorsqu'une aggravation de son état de santé peut être prouvée. Cela peut inclure une dégradation physique, psychologique ou même des conséquences financières imprévues. Il est important de noter que cette action ne remet pas en cause l'indemnisation initiale, mais vise à compléter celle-ci pour couvrir les nouvelles conséquences du préjudice.

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    Les conditions de mise en œuvre de l'action en aggravation

    Pour engager une action en aggravation, certaines conditions doivent être remplies :

    1. Un fait nouveau : Il doit s'agir d'une aggravation de l'état de santé ou de conséquences imprévues survenues après la décision ou l'accord initial.
    2. Un lien de causalité : L'aggravation doit être directement liée au sinistre initial.
    3. Une expertise médicale : Cette dernière est essentielle pour établir la réalité de l'aggravation et son impact sur les différents postes de préjudice (incapacité permanente, pertes de revenus, frais médicaux, souffrances endurées, etc.).

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  • L'obligation  pour la victime de demander une indemnisation initiale

    Il est essentiel de souligner que même en cas de préjudice léger, une première indemnisation peut ouvrir la voie à une action en aggravation ultérieure. Beaucoup de victimes hésitent à demander une réparation pour des blessures qu'elles jugent mineures, mais l'état de santé peut se dégrader avec le temps. Par exemple, une entorse cervicale apparemment bénigne peut entraîner des douleurs chroniques ou des troubles fonctionnels invalidants.

    En sollicitant une indemnisation immédiate, la victime s'assure que le sinistre est reconnu par les assurances ou les juridictions compétentes, ce qui simplifie grandement l'éventuelle réouverture du dossier. En revanche, l'absence de démarche initiale peut compliquer la reconnaissance du lien de causalité entre l'état de santé aggravé et l'accident d'origine.

  • Dans un arrêt du 11 juillet 2024, la Cour de Cassation juge  que : " S'il résulte de l'article 2226 du code civil que l'action en indemnisation de l'aggravation d'un préjudice corporel est autonome au regard de l'action en indemnisation du préjudice initial, en ce qu'un nouveau délai de prescription recommence à courir à compter de la consolidation de l'aggravation, une demande en réparation de l'aggravation d'un préjudice ne peut être accueillie que si la responsabilité de l'auteur prétendu du dommage a été reconnue et le préjudice initial déterminé."
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    Conseils pratiques aux victimes

    1. Faire constater les blessures dès le départ : Après un accident, même si les blessures semblent minimes, il est crucial de consulter un médecin et de faire établir un certificat médical précis.
    2. Engager une première action en réparation : Même pour des préjudices jugés mineurs, déposer une demande d'indemnisation permet de poser les bases d'une éventuelle action en aggravation.
    3. Conserver tous les documents médicaux : Ces documents seront essentiels pour prouver une aggravation future.
    4. Consulter un avocat spécialisé : Un professionnel du droit du dommage corporel peut vous accompagner dans toutes les étapes de votre démarche, de la première indemnisation à l'action en aggravation.

  • Conclusion

    L'action en aggravation du préjudice est une procédure indispensable pour les victimes dont l'état de santé se dégrade après un premier sinistre. L'arrêt de la Cour de cassation du 11 juillet 2024 confirme l'importance de ce recours . Il est donc primordial de ne jamais sous-estimer unpréjudice, même léger, et de s'assurer que toutes les bases juridiques sont posées pour une réparation complète et équitable.

En cas d'accident, préservez vos droits et faites vous accompagner d'un avocat spécialisé.

 

 


 

Le 24 janvier 2025

 

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Arrêt du Conseil d'Etat du 11 juillet 2024: cliquer 

 

 

 

défunt

Etat anxio-dépressif sévère d'une mère suite au décès de son fils

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Préjudice par ricochet : l'indemnisation de l'anxiété liée au décès d'un proche

Le décès tragique d’un être cher constitue une épreuve bouleversante, aux conséquences souvent lourdes, non seulement sur le plan émotionnel, mais aussi psychologique. Dans le cadre d’un préjudice par ricochet, la jurisprudence française reconnaît depuis longtemps l'indemnisation des dommages subis par les proches d’une victime directe. Cela a encore été rappelé par la jurisprudence administrative, dans  une décision du Conseil d’État en date du 7 novembre 2024. Cet rappelle l’indemnisation des préjudices liés à l’atteinte à l’intégrité psychique d’un proche endeuillé.

 


Qu'est-ce que le préjudice par ricochet ?

Le préjudice par ricochet désigne les dommages subis par les proches d’une victime directe à la suite d’un événement dommageable. Il peut inclure des souffrances morales, des pertes économiques ou encore des troubles dans les conditions de vie.
Traditionnellement, les proches d’une victime décédée, comme les parents, enfants ou conjoints, peuvent demander réparation des souffrances éprouvées en raison du décès ou des blessures graves de la victime.

 


Le préjudice psychique majeur

 

Le préjudice d’anxiété se définit comme une souffrance psychologique résultant d’une incertitude prolongée ou d’une situation stressante liée à un événement traumatisant. Dans le cas de la perte d’un fils ou d’une fille, l’anxiété peut prendre des formes variées :

  • - Une peur persistante pour les membres survivants de la famille, notamment en cas de décès accidentel ;
  • - Une incapacité à retrouver un équilibre psychologique après le deuil ;
  • - Des troubles dépressifs majeurs liés au sentiment de culpabilité ou à la perte brutale du lien affectif.
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Dans sa décision du 7 novembre 2024, le Conseil d’État a jugé que "  En excluant ainsi par principe que les préjudices résultant de l'atteinte à l'intégrité psychique consécutive au décès d'un proche puissent être en lien direct avec les faits à l'origine de ce décès, la cour administrative d'appel a commis une erreur de droit. "

Cet arrêt intervient dans le cadre d'un dossier dans lequel une femme  a brutalement perdu son fils,  âgé de vingt-cinq ans, à la suite d'un malaise. Cette mère de famille a développé, dans les suites immédiates de ce décès, un état anxio-dépressif d'intensité sévère. Le tribunal administratif de Paris avait retenu que des manquements fautifs, imputables aux conditions d'intervention du service d'aide médicale d'urgence (SAMU) de Paris ainsi que des sapeurs-pompiers, avaient été commis dans la prise en charge du jeune homem et avait condamné l'AP-HP, la Ville de Paris et l'Etat à verser à la mère , une indemnisation.

La Cour administrative d'appel de PARIS  avait jugé que les préjudices résultant, pour elle, du décès de son fils devaient être indemnisés uniquement au titre de son préjudice d'affection, par le versement d'une somme forfaitaire majorée pour inclure, outre la douleur morale liée au décès de son fils, le retentissement pathologique avéré, notamment dépressif, qu'elle a subi, eu égard aux circonstances particulièrement traumatisantes du décès de son fils en sa présence et à son domicile, mais qu'en revanche, les préjudices patrimoniaux et extrapatrimoniaux découlant de sa pathologie dépressive étaient insusceptibles de donner lieu à indemnisation, en l'absence de lien direct avec les fautes commises.

C'est cette dernière disposition qui a été cassée par le Conseil d'Etat.

 

 


Les critères d’indemnisation

Pour qu’un préjudice d’anxiété soit indemnisé dans le cadre d’un préjudice par ricochet, il est essentiel de démontrer plusieurs éléments :

  1. Le lien de causalité direct : le demandeur doit prouver que son trouble psychologique découle directement du décès de la victime.
  2. L’existence d’un trouble médicalement constaté : des certificats médicaux ou des expertises psychiatriques peuvent être nécessaires pour étayer la demande.
  3. L’intensité et la durée des troubles : l’indemnisation prendra en compte la gravité et la persistance des symptômes anxieux ou dépressifs.

Les juges évalueront chaque situation au cas par cas, en prenant en compte les circonstances du décès (accident, acte intentionnel, négligence) et la relation entre le défunt et le demandeur (parents proches, conjoints, etc.).



Pourquoi consulter un avocat spécialisé ?

Face à la complexité des démarches liées à l’indemnisation du préjudice par ricochet, l’assistance d’un avocat spécialisé en droit du dommage corporel est essentielle. Votre avocat pourra vous accompagner dans :

  • -L’évaluation précise des préjudices subis (moral, économique, psychologique) ;
  • -La constitution d’un dossier solide pour prouver le lien entre votre préjudice d’anxiété et le décès de votre proche ;
  • -La négociation ou le contentieux avec les compagnies d’assurance ou les juridictions compétentes.

 

Le 23 janvier 2025

 

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Arrêt du Conseil d'Etat du 7.11.2024: cliquer