![préjudice spécifique de contamination VIH et VHC](https://www.fontaine-beriot-avocats.fr/wp-content/uploads/2022/02/Photo-vaccination-fiona-480x300.jpg)
Obtenir une totale indemnisation de son préjudice après contamination transfusionnelle au VIH ou VHC
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Le préjudice spécifique de contamination : Indemnisation des victimes de contamination transfusionnelle au VIH et au VHC
La contamination transfusionnelle par le VIH ou le virus de l’hépatite C (VHC) constitue un drame humain et sanitaire ayant marqué l’histoire médicale française. Face à cette situation, le législateur a mis en place des mécanismes spécifiques pour garantir l'indemnisation des victimes. Cet article explore le cadre juridique encadrant l'indemnisation par l’Office national d'indemnisation des accidents médicaux (ONIAM), ainsi que la jurisprudence récente .
Le cadre légal de l'indemnisation des contaminations transfusionnelles
Depuis plusieurs décennies, le droit français a instauré un dispositif rigoureux pour protéger les victimes d’erreurs médicales graves, notamment celles liées à des transfusions sanguines contaminées. Les articles L. 1142-1 et L. 1142-22 du Code de la santé publique organisent la responsabilité sans faute en cas de contamination transfusionnelle par des produits sanguins.
L’ONIAM, créé par la loi du 4 mars 2002 dite « loi Kouchner », est l'organisme compétent pour indemniser les victimes de contaminations par des produits sanguins. En application de l'article L. 3122-1 du Code de la santé publique, les patients contaminés par le VIH ou le VHC après une transfusion ou l’administration de produits dérivés du sang peuvent bénéficier d’une indemnisation intégrale, sans avoir à démontrer une faute. Ce régime d’indemnisation repose sur un principe de solidarité nationale, reflétant une volonté forte de justice et de reconnaissance envers les victimes.
Le préjudice spécifique de contamination:
Le 14 novembre 2024, la Cour de cassation a rendu un arrêt précisant les contours du préjudice spécifique de contamination.
La Cour rappelle les contours du préjudice spécifique de contamination :
"Le préjudice spécifique de contamination comprend l'ensemble des préjudices de caractère personnel tant physiques que psychiques résultant du seul fait de la contamination et inclut, outre les perturbations et craintes éprouvées, toujours latentes, concernant l'espérance de vie et la crainte des souffrances, les perturbations de la vie sociale, familiale et sexuelle et les préjudices esthétique et d'agrément générés par les traitements et soins subis, ainsi que le seul risque de la survenue d'affections opportunistes consécutives à la contamination. Il n'inclut ni le déficit fonctionnel, ni les autres préjudices à caractère personnel liés à la survenue de ces affections."
Ce préjudice inclut à la fois l’atteinte à l’intégrité physique et les conséquences psychologiques et sociales liées à la stigmatisation et à l’angoisse permanente de vivre avec une maladie grave. La Haute Juridiction a également rappelé que ce préjudice devait être réparé de manière intégrale, y compris les conséquences patrimoniales et extrapatrimoniales.
En l'espèce, La cour de Cassation a censuré la Cour d'appel qui avait indemnisé la victime transfusionnelle du VIH à un préjudice pour souffrances endurées , évaluées par l'Expert à 5/7
En pratique, cette décision renforce les droits des victimes en leur permettant de revendiquer une indemnisation couvrant tous les aspects de leur préjudice. Elle impose également à l’ONIAM et aux juridictions inférieures de prendre en compte les spécificités individuelles de chaque situation, dans une logique d’humanisation de l’indemnisation.
Les démarches pour obtenir une indemnisation par l’ONIAM
Pour bénéficier de l'indemnisation, les victimes doivent déposer, via leur avocat spécialisé, un dossier auprès de l’ONIAM en joignant des éléments prouvant la contamination liée à une transfusion ou à des produits sanguins. Une expertise médicale est nécessaire pour établir le lien de causalité entre l'acte médical et la contamination.
L’ONIAM, en sa qualité d’organisme public, examine chaque demande et formule une offre d’indemnisation, laquelle peut inclure des dommages et intérêts pour les préjudices physiques, moraux et matériels. En cas de désaccord, les victimes ont la possibilité de saisir les juridictions compétentes pour obtenir une indemnisation conforme à leurs droits.
Il est fondamental d'insister sur les dangers de saisir l'ONIAM sans avocat dans une matière très difficile. Le dossier médical doit être établi par un professionnel qui saura chiffrer votre préjudice et vous conseillera relativement à l'offre reçue. Dès que l'ONIAM emet une offre, des délais de recours très brefs devant le tribunal administratif sont ouverts, que , bien souvent, les victimes laissent dépasser. Elles perdent alors définitivement tout droit à une indemnisation (en cas de refus par l'ONIAM) ou à une meilleure indemnisation (en cas d'offre basse)
Conclusion
La reconnaissance du préjudice spécifique de contamination transfusionnelle illustre l’évolution du droit médical en France et la volonté de garantir une réparation juste et complète des dommages subis. Grâce à des dispositifs tels que l’ONIAM et à une jurisprudence en constante progression, les victimes de contamination transfusionnelle peuvent obtenir une indemnisation digne et adaptée à leur situation.
Le 25 janvier 2025
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Arrêt de la Cour de Cassation du 14 novembre 2024: cliquer