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hôpital

Arrêt cardiaque: indemnisation pour accident médical non fautif

Focus sur l’Arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Marseille du 10 Février 2023

Dans le cadre de la responsabilité médicale, l’indemnisation des victimes d'accidents médicaux non fautifs revêt une importance particulière. Il ne s'agit pas ici de déterminer la faute d'un professionnel de santé, mais d'identifier une défaillance imprévisible dans le processus de soin qui a causé un dommage grave. La jurisprudence récente, et en particulier l'arrêt du 10 février 2023 rendu par la Cour Administrative d’Appel de Marseille, met en lumière les conditions dans lesquelles une victime d'un accident médical non fautif peut être indemnisée.

Contexte de l'affaire : Un arrêt cardiaque suite à une obstruction de l'œsophage

Le 29 juin 2008, une patiente est admise aux urgences du Centre Hospitalier de Hyères après avoir ingéré un os de lapin qui s’est bloqué au niveau de l'œsophage. Ce corps étranger a provoqué une obstruction ayant entraîné un arrêt cardiaque. Rapidement prise en charge, la victime a survécu, mais a gardé des séquelles physiques et psychologiques significatives. La question de son indemnisation a donc été posée, non pas en raison d'une faute médicale, mais dans le cadre de l'accident médical non fautif.

L'indemnisation dans le cadre d’un accident médical non fautif

L’indemnisation des accidents médicaux non fautifs en France relève de la solidarité nationale, conformément à la loi du 4 mars 2002 (dite loi Kouchner). Cette législation permet aux victimes de demander réparation de leurs préjudices, même en l'absence de faute du corps médical, dès lors que certaines conditions sont réunies. Ces conditions incluent :

  1. La gravité des séquelles laissées par l’accident.
  2. L'imprévisibilité et l'absence de faute caractérisée dans la survenue de l'accident.

Dans cette affaire, bien que le personnel médical ait agi conformément aux protocoles, l’arrêt cardiaque provoqué par l'obstruction de l'œsophage a eu des conséquences graves et imprévisibles pour la patiente.

La décision de la Cour Administrative d’Appel de Marseille

Dans son arrêt du 10 février 2023, la Cour Administrative d’Appel de Marseille a confirmé l'indemnisation de la victime. La Cour a reconnu que l'accident médical non fautif avait provoqué des séquelles graves, engageant la solidarité nationale. Ce faisant, elle a rappelé que les établissements de santé sont responsables des accidents médicaux non fautifs, même si aucune faute ne peut leur être reprochée. L'ONIAM (Office National d'Indemnisation des Accidents Médicaux) a donc été saisi pour indemniser la victime, conformément aux dispositions de la loi de 2002.

Cet arrêt constitue un exemple important de la jurisprudence française en matière de responsabilité médicale. Il réaffirme le principe selon lequel une victime d’un accident médical non fautif peut prétendre à une indemnisation, dès lors que les critères de gravité et d’absence de faute sont remplis.

Conclusion

L'arrêt de la Cour Administrative d’Appel de Marseille du 10 février 2023 illustre la complexité du régime d'indemnisation des accidents médicaux non fautifs. Grâce à la loi de 2002, les victimes peuvent obtenir réparation, même sans démonstration d’une faute médicale. Toutefois, chaque cas est unique et nécessite une analyse rigoureuse pour déterminer si les conditions d’indemnisation sont remplies.

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Arrêt CAA de Marseille du 10 février 2023: Cliquer 

 

26 septembre 2024