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Sep
suppression de l'autorité parentale

Suppression de l'exercice de l'autorité parentale du parent abuseur : loi du 18 mars 2024

La Loi n° 2024-233 du 18 mars 2024 apporte des modifications majeures pour renforcer la protection des enfants victimes d'agressions sexuelles commises par un parent. L'une des mesures phares de cette loi est la suppression de l'autorité parentale en cas d'inceste  des parents agresseurs, une avancée significative dans la lutte contre les violences intrafamiliales. Cette réforme vise à assurer la sécurité et le bien-être de l'enfant en écartant définitivement l'auteur des faits de toute prise de décision concernant la vie de l’enfant.

1. Contexte et Justification de la Mesure

L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. Toutefois, dans les situations d'agressions sexuelles intrafamiliales, maintenir cette autorité peut représenter un danger pour l'enfant. Avant l’adoption de la Loi n° 2024-233, la perte de l’autorité parentale n’était pas systématique en cas de condamnation pour agression sexuelle sur un enfant. Les juges avaient la possibilité, mais non l'obligation, de priver le parent de ses droits parentaux, ce qui pouvait conduire à des situations où l'enfant restait sous l'influence ou la pression de son agresseur.

La nouvelle loi change radicalement cette approche en rendant automatique la suppression de l'autorité parentale pour tout parent reconnu coupable d'agression sexuelle sur son enfant. Cette mesure vise à protéger l'enfant sur le long terme et à couper tout lien légal avec l'agresseur, garantissant ainsi une rupture totale et sécurisante.

Ainsi, le nouvel article 378-2 du Code Civil prévoit que  : «L'exercice de l'autorité parentale et les droits de visite et d'hébergement du parent poursuivi par le ministère public ou mis en examen par le juge d'instruction soit pour un crime commis sur la personne de l'autre parent, soit pour une agression sexuelle incestueuse ou pour un crime commis sur la personne de son enfant sont suspendus de plein droit jusqu'à la décision du juge aux affaires familiales, le cas échéant saisi par le parent poursuivi, jusqu'à la décision de non-lieu du juge d'instruction ou jusqu'à la décision de la juridiction pénale. »

Et l'article 378 du code civil pose le principe du retrait de l'autorité parentale du parent condamné pour agression sexuelle: « En cas de condamnation d'un parent comme auteur, coauteur ou complice d'un crime ou d'une agression sexuelle incestueuse commis sur la personne de son enfant ou d'un crime commis sur la personne de l'autre parent, la juridiction pénale ordonne le retrait total de l'autorité parentale, sauf décision contraire spécialement motivée. Si elle ne décide pas le retrait total de l'autorité parentale, la juridiction ordonne le retrait partiel de l'autorité parentale ou le retrait de l'exercice de l'autorité parentale, sauf décision contraire spécialement motivée.
« En cas de condamnation d'un parent comme auteur, coauteur ou complice d'un délit commis sur la personne de son enfant, autre qu'une agression sexuelle incestueuse, la juridiction pénale se prononce sur le retrait total ou partiel de l'autorité parentale ou sur le retrait de l'exercice de cette autorité.
« En cas de condamnation d'un parent comme auteur, coauteur ou complice d'un délit commis sur la personne de l'autre parent ou comme coauteur ou complice d'un crime ou d'un délit commis par son enfant, la juridiction pénale peut ordonner le retrait total ou partiel de l'autorité parentale ou le retrait de l'exercice de cette autorité. »

2. Conséquences de la Suppression de l'Autorité Parentale

La suppression de l'autorité parentale signifie que le parent agresseur perd tous ses droits légaux sur l'enfant, y compris les décisions relatives à l’éducation, la santé, ou la résidence de l’enfant. Cela inclut également la fin des droits de visite et d’hébergement, à moins que l’enfant, une fois majeur, en décide autrement. En outre, le parent déchu de son autorité parentale ne peut plus intervenir dans la gestion des biens de l'enfant ni bénéficier de l'administration légale de ses biens.

Cette mesure assure que l'enfant n'aura plus à subir l'influence ou les tentatives de manipulation de l'agresseur, offrant un environnement plus stable et sécurisé pour sa reconstruction. La loi prévoit également des dispositions pour assurer un suivi psychologique adapté de l'enfant, afin de l’aider à surmonter les traumatismes subis.

3. Procédure et Application de la Loi

La suppression de l’autorité parentale devient effective dès la condamnation du parent pour agression sexuelle. Le juge aux affaires familiales est alors saisi pour entériner cette décision et organiser la nouvelle autorité parentale, qui peut être confiée à l’autre parent, à un membre de la famille ou à une tierce personne jugée apte par les services sociaux et le juge. Le but est de placer l'enfant dans un cadre protecteur et stable, où ses intérêts sont priorisés sans compromis.

4. Impact sur les Droits de l’Enfant et le Rôle des Avocats

Pour les avocats spécialisés en droit de la famille, cette nouvelle disposition implique un accompagnement rigoureux des familles et des enfants tout au long de la procédure. Il est essentiel de s'assurer que les droits de l'enfant sont pleinement respectés et que les mesures de protection sont appliquées sans délai. Le rôle de l'avocat est également de veiller à ce que l'enfant bénéficie du soutien nécessaire pour se reconstruire, que ce soit par le biais d’un suivi psychologique, d’une réorganisation de son environnement familial, ou d’autres mesures adaptées à sa situation.

Conclusion

La suppression de l’autorité parentale en cas d’agression sexuelle par un parent, telle que prévue par la Loi n° 2024-233, constitue une avancée majeure pour la protection des enfants. En écartant les agresseurs de toute forme de pouvoir sur la vie de leurs victimes, la loi vise à garantir un avenir plus serein et sécurisé pour les enfants touchés par ces drames familiaux. Cette réforme témoigne d'une volonté politique forte de prioriser l'intérêt de l'enfant et de lutter efficacement contre les violences intrafamiliales.

 

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Le 14 septembre 2024