
Comment péparer son expertise médicale amiable ou judiciaire?
L’Expertise Médicale : Première Étape Clé de l’Indemnisation
En tant que victime d’un accident ou d’une agression ayant entraîné un dommage corporel, la reconnaissance de vos préjudices et leur indemnisation passent inévitablement par une étape décisive : l’expertise médicale. Amiable ou judiciaire, cette expertise détermine l'étendue de vos séquelles, évalue vos préjudices, et influence directement le montant de votre indemnisation. Il est donc essentiel de bien s’y préparer.
1. L’Expertise Médicale : Enjeux et Cadre
L’expertise médicale vise à évaluer médicalement les conséquences de votre dommage corporel : incapacités, douleurs, atteintes psychiques, pertes de revenus, aide humaine, etc. Sur la base de ce rapport, les assureurs, fonds de garantie ou juridictions fixeront les montants d’indemnisation.
Deux types d’expertises existent :
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♦L’expertise amiable : souvent initiée par la compagnie d’assurance. Elle est rapide, mais potentiellement déséquilibrée si vous n’êtes pas assisté.
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♦L’expertise judiciaire : ordonnée par un juge, encadrée par des règles strictes, souvent indispensable en cas de désaccord ou de complexité.
2. Votre Droit Fondamental : Choisir ou Refuser un Médecin
Beaucoup de victimes ignorent qu’elles peuvent refuser le médecin expert proposé par l’assureur. En effet, les compagnies d’assurance désignent fréquemment leur propre médecin-conseil, dont l’objectivité peut être questionnée, car il agit dans l’intérêt de son mandant : l’assureur.
Vous avez le droit de refuser ce médecin et de demander une expertise contradictoire, en présence de votre propre médecin conseil de victime. Ce professionnel indépendant est là pour vous défendre, pointer les oublis ou erreurs, et équilibrer le rapport de force.
Ne jamais se rendre seul à une expertise organisée par l’assurance sans être assisté : c’est prendre un risque majeur pour la suite de votre indemnisation.
3. Bien Se Préparer à l’Expertise : Une Étape Décisive
L’expertise n’est pas une simple formalité. Elle doit être préparée sérieusement :
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♦Constituez un dossier complet : rapports médicaux, arrêts de travail, factures, témoignages, photos, etc.
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♦Dressez une chronologie des soins et de l’évolution de vos douleurs et incapacités.
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♦Notez l’impact concret sur votre vie quotidienne : perte d’autonomie, besoin d’aide, difficultés professionnelles, répercussions psychologiques…
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♦Anticipez les questions de l’expert : soyez prêt à expliquer clairement votre vécu, sans minimiser ni exagérer.
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♦Faites-vous accompagner par un avocat et un médecin-conseil de victime. Leur présence est capitale pour défendre vos droits.
4. L’Expertise Judiciaire : Un Outil de Recours Essentiel
En cas de désaccord sur les conclusions d’une expertise amiable ou si l’assureur tarde à agir, l’expertise judiciaire peut être demandée. C’est un juge qui désigne un expert indépendant, tenu par des obligations d’impartialité. Cette procédure est plus longue, mais elle offre plus de garanties pour la victime.
5. Le Sapiteur : Un Expert Technique Complémentaire
Dans certaines expertises médicales, notamment les plus complexes, l’expert principal peut faire appel à un sapiteur. Il s’agit d’un professionnel spécialisé dans un domaine particulier, qui vient l’éclairer sur un point précis, hors de sa compétence.
Qu’est-ce qu’un sapiteur ?
Le sapiteur n’est pas un expert judiciaire au sens strict : il ne rend pas un rapport autonome, ni ne se substitue à l’expert. Il intervient à la demande de l’expert, pour l’aider à apprécier une question technique spécialisée.
Par exemple :
- ♦un ergothérapeute ou kinésithérapeute pour évaluer l’autonomie fonctionnelle,
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♦un chirurgien orthopédiste pour préciser les séquelles opératoires.
Quel est son rôle dans l’expertise ?
Le sapiteur est chargé de rendre un avis technique, le plus souvent écrit, sur la problématique soumise par l’expert. Cet avis est ensuite intégré au rapport d’expertise principal. Il n’y a qu’un seul rapport officiel : celui de l’expert, qui reste entièrement responsable des conclusions finales.
Cela permet à l’expert de fonder son analyse sur des bases solides, tout en restant dans les limites de sa compétence médicale.
Ce que la victime doit savoir
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Le recours à un sapiteur est une garantie de rigueur, notamment quand le dossier présente des spécificités médicales ou techniques.
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La victime (et son conseil) a le droit de connaître l’identité du sapiteur, de prendre connaissance de son avis, et de le discuter en cas de désaccord.
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L’avocat peut, en amont ou lors de l’expertise, demander la désignation d’un sapiteur si une problématique spécifique nécessite une expertise ciblée.
En Conclusion
L’expertise médicale est le socle de toute indemnisation en matière de préjudice corporel. Une mauvaise expertise peut entraîner une sous-évaluation de vos préjudices et une réparation très en deçà de vos droits. Il est donc essentiel d’être conseillé, assisté et préparé à cette étape.
Si vous êtes convoqué à une expertise, n’hésitez pas à me contacter en amont. Ensemble, nous nous assurerons que vos droits soient respectés, que vous soyez assisté d’un médecin compétent et indépendant, et que votre indemnisation reflète réellement les souffrances et pertes que vous avez subies.
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Le 29 juin 2025
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